Chantier menuiserie-charpenterie 1/2
Pour changer de la maçonnerie, un petit chantier "bois", dont l'essentiel n'était absolument pas prévu au programme, nous occupe ce printemps 2017 (oui j'ai "un peu" de retard dans les articles).
Placement de poutres et piliers (chêne) sous solivage: la préparation
Dans la chaufferie
Il nous faut déposer et remplacer la poutre centrale qui soutenait l'ancien solivage (le terme exact est sommier) avant de pouvoir en recréer un nouveau.
La bestiole en chêne de 25x25cmx6m s'est avérée pourrie à cœur (oui!) au dessus de l'IPN bien rouillé de la porte. L'humidité avérée de ce mur aura causé bien des dégâts....
Nous la remplacerons par un sommier en 2 parties moins longues qui se rejoindront au niveau d'un pilier central.
Les deux "espèces de" sommiers latéraux ont également été déposés, deux muralières prendront leur place.
Dans la pièce de vie (cuisine-salle à manger)
Nous devons renforcer le solivage existant, trop souple avec sa portée libre (= hors murs) de 6m, afin de pouvoir aménager l'étage.
Nous placerons un sommier qui traversera toute la pièce de vie (soit près de 10m), et divisera la portée des solives par 2, augmentant sensiblement la rigidité du plancher (et le charme du rez-de-chaussée!)
Le sommier sera également, pour des raisons pratiques évidentes, en 2 parties qui se rejoindront en un pilier central.
A une extrémité le sommier sera soutenu par un second pilier (le mur en mâchefer n'étant pas vraiment porteur) et de l'autre il sera maçonné dans le mur Nord en pisé.
Pour finir, un vieux linteau prendra sa place depuis le pilier central, marquant l'emplacement de la future cloison séparative en adobes sur laquelle il reposera.
Il y a un peu de travail en perspective avant de pouvoir s'atteler au chantier à proprement parler!
1 - Récupérer/préparer les pièces de bois
Nous commençons par chercher des pièces de bois d'occasion qui correspondent à nos besoins:
Pour la pièce de vie nous dégotons 2 poutres jumelles en chênes d'environ 6m en 18x20cm, qui, d'après leurs queues d'aronde, devaient soutenir un plafond à la française.
Le vendeur nous laisse en plus quelques autres pièces de bois dont un vieux linteau gravé, qui à première vue ne paye pas de mine mais patience....
Pour la chaufferie nous trouvons sur un autre chantier 3 belles poutres en chêne d'un peu plus de 6m en 20x20cm et 15x15cm.
Il y en avait une dizaine, soutenant un plancher dans une magnifique ferme à colombages, mais les nouveaux propriétaires les ont toutes déposées pour couler une dalle d'étage en béton soutenue par des piliers bétons... (ô désespoir)
Nous en utiliserons un morceau seulement, qui viendra compléter la poutre existante que nous avons déposée. Les autres seront gardées en stock pour la suite.
Pour finir, nous récupérons gracieusement chez un voisin "qui rénove" une vieille poutre en chêne fine et longue qui, coupée en deux, servira à constituer les piliers de la pièce de vie, et dans un coin de notre ferme, un jeune tronc de chêne qui une fois écorcé fera un beau pilier pour la chaufferie.
Aussitôt dit aussitôt fait, les poutres arrivent à la ferme.
Pour les déplacer, nous utilisons une astuce qui implique le tracteur et des buses en béton...
2 - Couler les socles des piliers
Une fois les températures hivernales passées, nous coulons sans tarder les socles sur lesquels viendront s'appuyer nos 3 piliers, puisqu'ils seront en chaux et nécessiteront donc quelques mois de séchage.
Après en avoir déterminé leurs emplacements exacts et tracé nos repères, nous réalisons des trous d'environ 60 de coté par 50 de profondeur, dans lesquels sont placés des coffrages en bois (L50xl50xh30cm).
Le socle est ensuite coulé en deux temps: d'abord des couches successives de grosses pierres et de mortier de chaux nhl5, puis sur les 15 derniers cm, un béton de la même composition que la future dalle (chaux nhl5-sable-billes d'argile) pour en assurer la continuité.
3 - Déposer la poutre de la chaufferie
Après l'avoir sanglée en deux points à l'entrait de charpente situé juste au dessus, la poutre est tronçonnée à chaque extrêmité puis descendue.
On constate avec un petit frisson qu'au dessus de l'IPN, la poutre tenait par magie...
4 - Remise en état des bois
Après moult essais, voici la technique de travail retenue pour obtenir une belle finition rustique et un veinage bien apparent sans (trop) se fatiguer:
- enlever toutes les pièces métalliques (clous, vis, gonds...). Une pince pour clôture s'est avérée très efficace même pour les clous les plus rebelles.
- ôter l'écorce ou l'obier mort à la hache ou mieux, à la herminette, bien plus ergonomique.
- poncer à la ponceuse à bande équipée d'un grain grossier (40-60), idéale pour avancer rapidement, de façon homogène (le ponçage se faisant uniquement dans le sens du bois), adoucir les angles ou encore enlever beaucoup de matière si besoin, tout en conservant un aspect rustique, non lisse.
- si la pièce de bois n'est pas assez plane (creux, bosses..) se rabattre sur une meuleuse équipée d'un plateau de ponçage. Dans ce cas veiller à utiliser une vitesse faible pour ne pas laisser de traces circulaires sur le bois.
- terminer en brossant énergiquement dans le sens de la fibre avec une brosse métallique demi-lune. La forme convexe de cette brosse permet de bien creuser et faire ressortir le fil, les nœuds et le veinage.
- pendant le brossage, passer la soufflette pneumatique dans les fentes et autres aspérités.
- cas particulier vu sa forme, le "pilier-tronc" de la chaufferie a été écorcé puis adouci à la plane (magnifique outils) avant d'être poncé.
Le vieux linteau récupéré lors de l'achat des poutres à queues d'aronde s'est avéré après nettoyage être une très belle pièce noueuse, gravée de:
"Br Gatheron - 1817 - le pain a vallu 12 sou la livre"
Un petit coeur et quelques fautes d'orthographe accompagnent le texte, sans doute écrit par un enfant de boulanger (Br = boulanger?).
Ce linteau prendra une place centrale dans notre future cuisine, sur la cloison séparative en adobes, en cette année 2017 soit... pour son 200e anniversaire!
4 - Solive, trémie et chevêtre
Dans la pièce de vie, nous apportons au solivage les modifications qui ne pourront plus êtres faites une fois les sommiers en place.
On commence par démolir l'ancien conduit, tout vilain, non gainé et qui fuit, avec l'aide de l'ami Vivien venu nous aider pour l'occasion.
Puis, l'ami Stéphane, menuisier de profession, vient nous filer la main avec son super outillage pour ouvrir la trémie et supprimer l'ancien chevêtre.
Nous avions bien jaugé l'emplacement du velux, qui crée ainsi un puits de lumière au dessus de la trémie!
Une dernière chose à faire pour terminer les préparatifs: remettre une solive à l'emplacement de l'ancienne cloison en mâchefer, où il n'y a actuellement qu'un chevron, solidarisé au plancher par de gros clous (et 2 par latte s'il vous plaît..), ce qui complique grandement l'opération.
Après avoir tout essayé en vain, Thom finit par fendre le bois longitudinalement à la hache pour pouvoir accéder aux clous, et les remonter au marteau.
Puis une nouvelle solive de même section que les autres est mise en place.
Pour finir, trous et percées de solives sont bouchés au TPC.
Il n'y a plus qu'à!
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